Santé

« J’ai grandi en étant le parent de mes parents » : la charge mentale de l’aînée d’une famille non-francophone ?

Dans certaines familles issues de l’immigration, qu’elles soient maghrébines, subsahariennes, espagnoles, arméniennes ou venues d’Asie, la barrière de la langue transforme souvent les enfants en traducteurs, gestionnaires et piliers familiaux. Ces rôles inversés font d’eux, parfois dès leur plus jeune âge, « le parent de leurs parents ».

C’est le cas de Wissam, 26 ans, Française d’origine marocaine et tunisienne, et aînée d’une fratrie de quatre enfants. Elle revient sur une enfance marquée par ce rôle précoce, à accompagner et soutenir des parents arrivés en France sans maîtriser la langue. Un poids qu’elle a porté avec amour, mais non sans conséquence.

« Mon père est arrivé en France en 1970. Il travaillait dur, dans l’agriculture, partait tôt le matin et rentrait tard le soir. Il n’avait ni le temps ni l’occasion d’apprendre à lire ou écrire le français, mais il savait se débrouiller pour se faire comprendre », explique-t-elle. Sa mère, arrivée dans les années 1990, ne parlait pas du tout français. « Elle s’occupait de nous à la maison, c’était une maman formidable. Mais dès qu’il fallait interagir avec l’extérieur, c’était à moi de prendre le relais. »

« Tout passait par moi »

Un rôle précoce, une pression constante

Très tôt, Wissam devient bien plus qu’une enfant : la voix de ses parents et le

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