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Hélène Laporte à la tête du groupe d’amitié France-Maroc

L’Assemblée nationale française vient d’enregistrer une nomination qui suscite un vif débat dans les cercles diplomatiques et politiques. Hélène Laporte, députée du Rassemblement national (RN), a pris la présidence du groupe d’amitié France-Maroc, un choix qui interpelle au regard de ses positions antérieures sur les relations commerciales franco-marocaines.

Cette nomination résulte d’un processus de désignation particulièrement disputé, régi par le mécanisme du « tourniquet », qui attribue les présidences des groupes d’amitié aux différents groupes parlementaires selon leur poids à l’Assemblée. Ainsi, le 13 janvier, le RN, avec ses 124 sièges, s’est vu offrir la possibilité de choisir en priorité la présidence de l’un de ces groupes et a opté pour celui consacré aux relations franco-marocaines.

Désignée après plusieurs semaines de négociations internes, Hélène Laporte a officiellement pris ses fonctions le 29 janvier. « Très honorée d’avoir été nommée présidente du groupe d’amitié France-Maroc à l’Assemblée nationale et de participer au renforcement de nos liens avec les députés de la Chambre des représentants marocaine », a-t-elle déclaré sur le réseau social X.

Toutefois, cette nomination n’est pas sans soulever certaines interrogations, notamment au regard des positions passées de la députée sur les accords commerciaux liant la France et le Maroc. En octobre 2024, lors de la visite officielle du président Emmanuel Macron au Maroc, Hélène Laporte s’était fermement opposée à l’accord commercial exemptant les tomates marocaines de droits de douane.

Dans une publication adressée à la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, elle dénonçait une « concurrence déloyale » pesant sur les agriculteurs français. « Profitez de votre visite au Maroc avec M. Macron pour mettre fin à l’accord commercial visant à exempter les tomates marocaines de droits de douane, qui place nos agriculteurs dans une situation insupportable de concurrence déloyale depuis 2012 ! » avait-elle publié sur X.

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Une telle position, assumée avec vigueur par l’élue RN, contraste avec le rôle diplomatique et coopératif traditionnellement dévolu aux groupes d’amitié parlementaire, dont la mission consiste à favoriser le dialogue et le rapprochement entre les nations.

La nomination d’Hélène Laporte à la présidence du groupe d’amitié France-Maroc n’a pas tardé à provoquer des réactions. Karim Ben Cheikh, député de la 9e circonscription des Français de l’étranger, a annoncé son refus de siéger au sein du groupe sous la direction d’une représentante du RN.

« Par principe, en raison des idées xénophobes défendues par ce parti que j’ai toujours combattues, par respect pour les Marocains de France et leurs familles, je n’ai pas l’intention de siéger dans un groupe présidé par l’extrême droite », a-t-il déclaré.

Le groupe d’amitié, composé de 59 députés, compte aujourd’hui 19 membres issus du RN, une présence significative qui marque un tournant dans la composition de cette instance.

Un contexte diplomatique décisif

Cette nomination intervient dans une période charnière pour les relations franco-marocaines. En juillet 2024, la France a officiellement reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara, une position réaffirmée par le président Macron lors de sa visite en octobre.

Pour la direction du RN, le Maroc constitue un « partenaire stratégique majeur » en matière de diplomatie et de coopération économique. Le parti met également en avant le rôle du Maroc dans la lutte contre l’immigration irrégulière, ainsi que la forte diaspora marocaine présente en France, en évoquant un équilibre à préserver entre coopération et protection des intérêts français.

Hélène Laporte, députée de la 2e circonscription de Lot-et-Garonne et membre de la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, devra ainsi composer avec ces multiples enjeux tout en préservant une relation délicate entre Paris et Rabat.

Si sa nomination marque un tournant pour le RN, elle soulève aussi une question fondamentale : un parti ayant historiquement adopté une posture protectionniste peut-il prétendre jouer un rôle de facilitateur dans les relations bilatérales ?

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