Endométriose, cystites, obésité : quand les maladies féminines sont liées à des traumatismes sexuels
« Le corps sait tout de nous. » Dans son livre « Mon corps raconte mon histoire » (Éd. Solar), Anne Gabard-Allard, gynécologue, docteure en philosophie de la médecine, lève le voile sur le lien entre maladies féminines en particulier et histoire personnelle.
En France, plus d’une femme sur deux (53 %) a déjà été victime de harcèlement ou d’agression sexuelle, selon le collectif Nous Toutes. Lors de ses recherches, Anne Gabard-Allard a observé que les traumatismes sexuels peuvent faire le lit de pathologies féminines, telles que l’endométriose, les cystites post-coïtales à répétition ou encore l’obésité morbide. Évidemment, chaque situation est singulière et les problèmes de santé sont multifactoriels. Néanmoins, dans certains cas, ces maladies sont aussi là pour nous envoyer des messages, estime l’experte.
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ELLE. Vous montrez que certaines maladies féminines peuvent être reliées à l’histoire personnelle de la patiente. Comment êtes-vous parvenue à ce constat ?
Anne Gabard-Allard. J’ai 40 ans de métier en tant que gynécologue. Au cours de ma carrière, j’ai été démotivée par l’incompréhension des infécondités inexpliquées. La médecine propose des techniques de pointe pour y pallier, mais ça ne fonctionne pas toujours et on ne comprend pas pourquoi. Ce manque de réponses me gênait beaucoup.
J’ai donc décidé d’entamer un master d’histoire des sciences, me faisant prendre conscience que la réalité d’une patiente était plus vaste que l’organe malade, et qu’il y avait peut-être d’autres questions utiles, que nous ne sommes pas formés à poser. Je me suis lancée dans une thèse en philosophie de la médecine intitulée « Notre santé au risque de notre histoire », pour laquelle j’ai revu 300 de mes patientes, cela a duré cinq ans. À l’