En corps heureux : « Être cette personne qui “présente bien”, j’y tiens »
Vous me verriez, vous ne devineriez probablement rien. Apprêtée, coiffée, parfumée, avec ce rouge à lèvres qui ne me quitte jamais. Mais puisque je suis, comme on dit, « avocate de province », puisque la sophistication ne fait pas partie de nos codes, que mes consoeurs sont majoritairement casual, déjà, ça raconte un truc sur moi. Être cette personne qui « présente bien » dans son job, le vouloir, y tenir, ça n’a l’air de rien et pourtant c’est un cheminement. Surtout quand votre métier est loin d’être une vocation. J’ai passé le concours d’avocat pour faire comme mes copines et quand je l’ai eu du premier coup, j’en ai retiré un petit syndrome de l’imposteur. Débouler dans un cabinet pour la première fois, sans rien connaître à ce décor, avec votre allure un peu trop juvénile, vos complexes, l’anxiété qui vous tient depuis l’enfance, ça vous met forcément face à vous-même, à tout ce que vous avez réglé ou non. L’insécurité a longtemps impacté ma vie personnelle, je ne voulais pas qu’elle devienne un handicap au travail. Alors j’ai pris les choses en main, une par une. Problème/solution. Et c’est comme ça que j’ai fait évoluer ma relation avec mon corps.
DE JOLIE À INGRATE
Comme souvent, les problèmes commencent à l’adolescence. Je viens d’une famille « matriarcale » avec beaucoup de femmes, j’ai une sœur aînée, des amitiés féminines solides… Il a toujours été possible de parler de nos corps et de leurs bouleversements. Mais à la puberté, je suis passée de jolie petite fille à jeune fille ingrate. Et mon principal complexe, mon nez, est apparu à cette période. Je ne compte plus le nombre de réflexions que j’ai eu à son sujet, principalement de mon père, alors que de mes amis et camarades de classe, jamais. À l’inverse, je n’ai jamais eu de remarque sur ma stature – très mince voire maigre – en famille puisque la minceur y était valorisée, et que je mangeais bien, n’étais jamais malade. Alors que cette même silhouette, ce même poids m’ont souvent valu des réflexions de mes paires.
NON SOLLICITÉS
J’ai donc grandi au milieu d’avis non sollicités et contradictoires. On me lançait des réflexions