En corps heureux : « En posant nue, j’ai vécu des expériences de dissociation »
Le corps et la nudité n’étaient pas tabous dans ma famille. J’ai vu mes parents nus jusqu’à l’âge de 8 ans environ. Ni pudiques ni exhib’, on était juste à l’aise avec ça. Quand mon corps a changé à la puberté, ma mère m’a accompagnée avec discrétion, sans insistance ou intrusion, et mon père n’a jamais commenté mon physique. Je leur en sais gré ! Du coup, même si j’ai quelques complexes, je suis à l’aise nue. Tellement à l’aise d’ailleurs, que j’ai voulu me mettre en situation de nudité absolue : je pose occasionnellement comme modèle dans une école de dessin. Un de mes amis est le directeur des Beaux-Arts dans ma commune, et il cherchait un nouveau modèle. Je voulais voir à quel point je pouvais me confronter au regard des autres. D’autant que dans une ville aussi petite que la nôtre, on va forcément croiser des têtes connues parmi les élèves, c’est ce qui m’angoissait un peu… Ça n’a pas loupé : l’ex de mon ex, mon ancienne responsable, des parents de copains, des parents d’élèves de l’école de mes enfants…
À POIL SOUS UN NÉON
Pendant les premières séances, j’ai vécu des expériences de dissociation : mon esprit partait loin, très loin, pour échapper à la situation totalement incongrue de me retrouver à poil sous un néon, debout au milieu d’une salle de dessin, scrutée par quinze paires d’yeux. Quand je revenais à la réalité, pendant une ou deux secondes, je me sentais comme dans ces rêves où on se rend compte qu’on est allé au lycée tout nu. En réalité, le regard des élèves est très technique, et très bienveillant. Le professeur est très protecteur avec ses modèles et ne tolère pas la moindre remarque déplacée. Tout le monde est aux petits soins pour que je n’aie pas froid, que je sois installée confortablement. Et tout s’est toujours très bien passé : les gens sont très respectueux de ce que je fais, ça n’a jamais altéré mes rapports avec