Double vie : Louis, 33 ans, « J’ai peur que d’autres femmes titillent mes sens sans pouvoir leur résister »
« J’ai passé des années à dire que le mariage n’était pas fait pour moi, lâche d’emblée Louis, sur un ton un poil amusé. J’ai dénigré cette institution, en expliquant aux uns et aux autres que ça coûtait non seulement un bras de passer devant monsieur le Maire, mais que c’était, en plus, du gros n’importe quoi, puisque près d’un couple sur deux, voire davantage à Paris, finissait de toute façon par exploser et par divorcer.
Sa compagne lui a posé, il y a quelques mois, un ultimatum : il accepte de l’épouser… ou elle le quitte
Quant aux autres, ils restaient, selon moi, la plupart du temps ensemble par confort, par habitude, ou par peur d’être confrontés au vide sentimental, ou même sexuel ». Si ce jeune courtier en assurances lyonnais s’amuse aujourd’hui de ce qu’il a pu autrefois répéter à l’envi, c’est parce que, au mois de mai prochain, il aura lui aussi la bague au doigt. Après un peu plus de trois années de relation, sa compagne lui a posé, il y a quelques mois, un ultimatum : il accepte de l’épouser… ou elle le quitte.
Entre engagement et tentation
« Je savais que le mariage était quelque chose d’important, pour ne pas dire sacré, pour Anna, glisse le trentenaire. Elle m’a toujours dit qu’elle considérait que c’était une preuve ultime d’amour. Jusqu’à récemment, elle ne me mettait néanmoins pas la pression pour que l’on s’engage officiellement l’un envers l’autre. Je pense qu’elle voulait que la demande émane de moi. De mon côté, je trouvais qu’on était bien tous les deux, et je ne voyais pas ce que le fait d’être fiancés, pacsés, ou même mariés, pourrait bien changer entre nous. Résultat : je ne bougeais pas d’un iota, et me gardait d’aborder le sujet. Mais Anna a deux ans de plus que moi, et depuis quelque temps, son horloge biologique commençait clairement à la rattraper. L’été dernier, elle a donc mis les pieds dans le plat en me disant que si je l’aimais, il fallait que je lui passe la bague au doigt. Car, pour elle, on se marie – à l’église, s’il vous plaît – et on fait ensuite des enfants. C’est comme ça, et dans cet ordre-là seulement que, les choses doivent se faire ». Contre toute attente, Louis a dit oui, parce que, au fond de lui, il savait qu’il avait envie de poursuivre sa vie avec Anna. « Elle est tout pour moi : ma meilleure amie, ma confidente, ma maîtresse, confie-t-il. Je n’ai jamais eu aucun doute sur le fait qu’elle était la femme de ma vie »
Pourquoi, alors qu’il est, avec sa moitié, en pleins préparatifs du jour J, le jeune homme semble-t-il donc tracassé ? Louis reconnaît que, même si, par peur de créer un malaise monumental, il ne s’est jamais confié sur le sujet auprès de sa future femme, il s’interroge parfois sur sa capacité à pouvoir résister, sur le long terme, à la tentation. « Je suis loin d’être un homme frivole, se défend-il aussitôt. J’ai toujours quitté mes précédentes copines avant d’être tenté d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs, car je savais que c’était alors le signe du début de la fin. Pour l’instant, je n’ai jamais eu cette envie de m’éparpiller. Depuis que j’ai rencontré Anna, elle est mon seul et unique objet de désir. Mais, malheureusement, comme dans tous les couples (ou presque) la routine, les problèmes et les disputes finiront sans doute par s’inviter dans notre quotidien. Je me mettrai alors probablement à regarder les autres femmes qui graviteront autour de moi et peut-être que certaines viendront titiller mes sens. Saurai-je alors être assez fort pour ne pas succomber ? Être plein de bonnes intentions et se promettre la fidélité éternelle dans l’euphorie des débuts amoureux, c’est facile (et déjà très bien), mais est-ce vraiment réalisable ?
Dès l’instant où l’on pense à une autre personne que son partenaire sur des sujets intimes, on met déjà peu un pied dans l’infidélité, non ?
À chaque fois que j’assiste à un mariage et que j’entends le prêtre rappeler que « les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance », je me garde bien de faire le moindre commentaire mais, en mon for intérieur, j’avoue que je reste fortement perplexe. Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est même de l’hypocrisie de jurer qu’on fera tout ça, car c’est impossible d’être sûr et certain que notre conjoint restera, pendant tout le restant de notre vie, notre seul partenaire sexuel. On ne peut pas affirmer que plus jamais on n’aura envie de caresser, d’embrasser ou même tout simplement de fantasmer sur quelqu’un d’autre. Car, dès l’instant où l’on se met à penser à une autre personne que son partenaire, ou que l’on entretient avec elle une relation épistolaire ou orale, sur des sujets quelque peu intimes, on met déjà peu ou prou un pied dans l’infidélité, non ? Sincèrement, l’avenir est vraiment trop imprévisible. Je me suis fixé des limites à ne pas franchir, et je ferai tout pour m’y tenir, mais tout ne dépend pas de moi. La vie comporte une part d’imprévu, de choses qu’on ne maîtrise pas. Il est impossible, de savoir, des années à l’avance, si on pourra respecter jusqu’au bout le contrat passé, à un moment donné, avec son partenaire ».