Dépression post-partum : pourquoi les pères sont aussi touchés
Face aux bouleversements que provoque l’arrivée d’un enfant, les pères peuvent aussi déclarer une dépression post-partum. Si elle ne présente pas les mêmes symptômes que celle des mères, elle a un impact sur la vie de couple et la relation parent-enfant.
En France, on estime que 10 % des pères seraient touchés par une dépression post-partum. Comme pour les mères, elle se manifeste après la naissance et peut durer plusieurs mois voire se prolonger au-delà d’un an.
Comment se manifeste la dépression post-partum chez les pères ?
Ils présentent différents symptômes : tristesse, perte d’intérêt pour les activités habituelles, modification de l’appétit ou troubles du sommeil.
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Contrairement aux mères, les symptômes dépressifs sont moins présents chez les pères. Ils peuvent manifester un retrait social, une indécision, une peur et une irritabilité plus importantes. Un changement dans la consommation d’alcool et de drogues et l’augmentation des conflits conjugaux peuvent également constituer des signes.
Quels sont les facteurs de risques ?
Selon la Caisse d’allocations familiales, qui cite Aziz Essadek, psychologue et maître de conférences à l’Université de Lorraine, les facteurs de risques les plus significatifs chez le père sont « les antécédents de dépression, des variations hormonales, ainsi qu’une dépression du post-partum chez la mère ». « Plus rarement, des difficultés dans l’interaction avec l’enfant peuvent également être associées à la dépression du post-partum paternelle », précise la CAF.
Le congé paternité atténuerait les risques
Selon une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) pilotée par la chercheuse Maria Melchior, parue en janvier 2023, le congé paternité aurait un effet bénéfique sur la dépression post-partum chez les pères. Maria Melchior et son équipe ont utilisé les données de la cohorte Elfe – qui a pour but de mieux connaître les facteurs qui peuvent avoir une influence sur le développement physique et psychologique de l’enfant, sa santé et sa socialisation – qui représente plus de 10 000 couples. Tous avaient fourni des informations sur leur volonté de prendre le congé paternité ou non et sur leur situation à deux mois.
Parmi les pères interrogés, plus de 64 % avaient déjà pris un congé paternité, 17 % ont déclaré avoir l’intention d’en prendre un et près de 19 % n’en avaient pas pris et ne projetaient pas d’en prendre. Les résultats de l’étude ont montré que 4,5 % des pères ayant pris un congé paternité et 4,8 % de ceux ayant l’intention de l’utiliser présentaient une dépression post-partum contre 5,7 % de ceux ne l’ayant pas utilisé.
Quelles conséquences ?
La dépression post-partum paternelle, comme celle de la mère, peut avoir des conséquences sur le couple, sur la relation parent-enfant et sur le développement de l’enfant. Elle fait plus que multiplier par 2 les risques d’expériences indésirables chez l’enfant avant l’âge de 5 ans. Ces expériences indésirables ou cette adversité de l’enfance ont ensuite des impacts négatifs tout au long de la vie sur la santé et le bien-être. Ce sont les conclusions d’une étude réalisée aux États-Unis et présentée en octobre 2023 à la conférence annuelle de l’American Academy of Pediatrics.
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L’étude a analysé les données de 1.933 paires père/enfant participant à la Future of Families and Child Wellbeing Study, une cohorte de naissance menée aux États-Unis. Les chercheurs se sont intéressés aux liens entre la dépression chez les pères au cours de la première année de la vie de leur enfant et les expériences négatives de l’enfance au cours des années de transition vers la maternelle.
L’étude révèle que les enfants dont le père avait développé une dépression post-partum encourent un risque multiplié par 2 d’expériences indésirables à l’enfance et de vivre au moins 3 expériences négatives pendant leur enfance avant l’âge de 5 ans.
Vers qui se tourner ?
« Dans cette épreuve, les pères sont peu pris en charge, notamment car ils ont du mal à mettre des mots sur leurs souffrances », indique la CAF. La dépression post-partum n’est pas une honte. Un suivi psychologique ou psychiatrique peut aider les pères en difficulté. Ils peuvent également se tourner vers les lieux de soutien à la parentalité ou les PMI.