Couple goals : ce que les ados nous enseignent sur la relation idéale
Il revient souvent sur les réseaux sociaux. Qui ça ? Le hashtag #CoupleGoals, derrière lequel se cache des milliers de photos de couples amoureux, vus comme heureux et parfaits. Majoritairement utilisé par les ados, il nous questionne : la jeune génération aurait-elle tout compris de l’amour et que peut-on en tirer ? On en discute.
C’est quoi un couple goals ?
Vous venez de poster une photo de votre couple sur les réseaux sociaux et n’avez pas mentionné le hashtag #CoupleGoals ? Personne ne vous en voudra. Parce qu’au-delà de ce hashtag, il y a un concept, et encore faut-il le saisir pour s’en amuser ou s’en délecter. Alors voyons : un couple goals (ou goal), que l’on pourrait traduire en français par « objectif(s) de couple », est un couple qui (comme son nom l’indique ou pas) vise un objectif, celui de la perfection, objectif qui lui-même englobe une multitude de buts (être heureux, funs, complices…), d’où l’usage à la fois pluriel et singulier de ce hashtag. On pourrait donc parler de couple parfait ou encore de relation idéale. Généralement brandi par les ados, ce hashtag accompagne des photos qui témoignent d’un amour véritable, entre vacances à la mer, corps bronzés (et retouchés ?), baisers langoureux et coucher de soleil en fond de tableau. Mais comme indiqué, si les clichés jouent les preuves, les couples qui posent et s’exposent sont avant tout soucieux de vivre la parfaite relation. Parce que les échecs et les divorces, ça va cinq minutes.
Comment être un couple goal ? Les nouveaux préceptes adolescents
Le hashtag #CoupleGoals ne circule donc pas sans un minimum de conseils pour vivre une relation idéale. Pour atteindre le graal, il faudrait donc (dans le désordre) : voyager et découvrir le monde, fonder une famille heureuse, rire comme deux BFF (dd l’anglais « Best Friends Forever »), réparer quand ça casse (plutôt que de jeter), s’entraider et se soutenir, et bien entendu communiquer. Que de préceptes qui, quand on les regarde de près, nous laissent légèrement sceptiques : n’est-ce pas là le fondement même d’une relation que l’on voudrait solide ? Celui qui ne s’accroche pas à l’objectif « couple goals » cherche-t-il à ne pas voyager, ne pas rire, ne pas communiquer, se séparer ? Quelle vision nouvelle, voire subversive, la jeune génération propose-t-elle ? Pour le comprendre, il faut peut-être lire entre les lignes : l’amour aujourd’hui ne serait-il pas constamment abordé par le prisme de l’échec ? Ne serait-on pas sans arrêt en train d’en souligner les dangers ? De quoi penser que le couple goals souffle un vent d’optimisme. Parce que le couple goals dit oui à l’amour mais surtout au travail que nécessite l’amour. Un couple heureux est un couple qui s’entretient, qui se bichonne, qui se respecte.
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Être un couple goals, oui, mais pour soi ou pour les autres ?
S’il est intéressant de lire entre les lignes et d’en conclure que le couple goals rafraichit notre vision de l’amour, il est également intéressant de lire entre les photos qui colorent Instagram et autres réseaux sociaux, tout comme il est judicieux de fouiller du côté des requêtes Google. Ce que les individus demandent au célèbre moteur de recherche ? « Couple goals black », « Couple goal kiss » ou encore « Couple Goal câlin ». De toute évidence, l’image est au centre du concept. Les couples s’affichent et ne lésinent pas sur la quantité, ni non plus sur les citations et déclarations d’amour (I love you) en légende. Certains ont même créé un compte Insta nommé selon les termes de « couple goals » et ne relaient que des photos qui frôlent la perfection, à coups de jacuzzi, acrobaties, selfies, mariage, Saint-Valentin réussie. Le couple goals n’aurait-il pas comme premier objectif de se montrer, dans une société qui prône l’apparence, la vitrine de la boutique, le filtre noir et blanc, et se méfie des « quand dira-t-on » ? Entre besoin de reconnaissance et arme contre le jugement facile, le couple goal parle davantage d’enveloppe que de contenu.
Relation idéale : pour vivre heureux, vivons sans goals ?
Nous sommes toutes et tous soumis aux regards des autres et tous soucieux de véhiculer une bonne image sur les réseaux sociaux. A l’inverse, nous avons beau faire preuve de discernement, nous tombons tous dans le piège de la photo parfaite. On la sait arrangée mais elle atteint quand même notre estime. Face à un couple goal, les complexes sont vivaces : et si mon couple, lui, n’était pas parfait, pas aussi parfait ? Voilà comment les couples, un à un, s’entichent du hashtag #CoupleGoals et jouent le jeu à leur tour. Un jeu qui ne passe pas par la case « et mon couple, dans la réalité, qui est-il ? ». Quant à la case « Suis-je heureuse dans cette relation ? », elle manque aussi. Cela ne signifie pas que tous les couples goals ne sont pas attachés aux préceptes relatés ou qu’ils ne partagent pas de sentiments sincères. Mais que dire de la pression qui plane ? Si oui, nous sommes d’accord sur le principe – communiquons, travaillons, aimons, rions – n’est-ce pas prendre le risque de la désillusion que de vivre selon ces recommandations et en quête d’une relation idéale ? Une relation idéale n’est-elle pas une relation qui se découvre au fil de l’eau et qui se passe des réseaux sociaux pour s’exprimer ? Le débat est entier, la conclusion plutôt simple : à chacun son goal, l’utilisation d’un hashtag n’en était pas un.