Comment l’expérience du deuil agit sur notre force mentale
La perte d’un être cher, aussi douloureuse qu’elle soit, peut permettre de développer sa capacité de résilience.
Si le deuil d’un proche est souvent vécu comme une épreuve douloureuse, cette expérience peut aussi permettre de forger le mental. Mary-Frances O’Connor, professeure agrégée de psychologie à l’Université d’Arizona, a étudié à travers plusieurs recherches en neurosciences, comment le deuil modifie le cerveau, et peut renforcer notre capacité de résilience. En psychologie, on parle de résilience pour désigner la capacité d’une personne ou d’un groupe à surmonter un choc traumatique, en se projetant dans l’avenir. « Ce phénomène psychologique aide un individu, victime d’un traumatisme, à prendre conscience de son événement traumatique pour ne plus vivre dans le malheur », lit-on sur le site de la Clinique E-Santé, fondée par la psychosociologue Christèle Albaret. « L’enjeu est de se reconstruire en acceptant les épreuves difficiles. Cette caractéristique est donc la capacité à se développer et à avoir une bonne tolérance à l’adversité. »
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« Le deuil peut être considéré comme une forme d’apprentissage »
Dans une interview accordée au podcast de l’American Psychological Association, « Speaking of Psychology », repérée par « Grazia », Mary-Frances O’Connor souligne à quel point le deuil peut augmenter notre force mentale. Bien que tout le monde ne soit pas forcément logé à la même enseigne. « J’ai vraiment réalisé que le deuil peut être considéré comme une forme d’apprentissage. On peut l’envisager de différentes manières. L’une d’entre elles est qu’après avoir vécu quelque chose d’aussi difficile que la perte d’un être cher, nous devons vraiment comprendre : comment vivre dans le monde maintenant ? », déclare l’experte. « Une partie de cela consiste à apprendre à être dans le monde en tant que personne qui porte cette absence en elle », poursuit-elle.
Dans le podcast « VeryWellMind », la psychothérapeute Amy Morin précise que « le deuil est le processus par lequel nous guérissons ». Selon elle, « rester fort malgré le deuil ne signifie pas ne pas pleurer ou ne pas se sentir triste. Il s’agit de se permettre de surmonter les émotions inconfortables afin de pouvoir guérir ».
Donner du sens à sa vie pour développer sa résilience
Plusieurs clés peuvent aider à développer sa résilience : donner du sens à son quotidien, pratiquer la pleine conscience ou encore s’entourer de personnes qui nous soutiennent. « La grande majorité d’entre nous sont assez résilients. Nous savons, grâce aux travaux de George Bonanno, que la grande majorité d’entre nous trouvera un moyen de restaurer cette vie pleine de sens », indique Mary-Frances O’Connor. Néanmoins, certaines personnes peuvent souffrir d’un « trouble du deuil prolongé », qui fait partie des pathologies référencées dans le DSM5, manuel américain de classification des maladies mentales. Dans ce cas-là et quand on en ressent le besoin, recourir à des psychothérapies adaptées peut être nécessaire pour avancer.