C’est mon histoire : « Je suis retombée amoureuse quand je l’ai quitté »
Mes cartons sont longtemps restés dans l’entrée. Plantés là, un peu comme moi. Je venais de démissionner, après des années de boulot acharné, et je ne savais plus trop quoi faire de moi. Ce vide, de quoi allais-je le remplir ? Qui était cette femme oisive que je ne connaissais pas ? J’aurais pu, les premiers temps, goûter aux petits plaisirs de la vie, « réinvestir mon quotidien », comme disait mon psy… Mais, chez moi, je me sentais étrangère. Une intruse qui rase les murs pour se faire oublier. Alors je ne déballais pas. Je n’osais pas. Peur de déranger Philippe, lui qui était si ordonné. Peur de l’envahir, lui qui, en quelques années, était devenu l’épicentre autour duquel toute notre vie de famille tournait.
Cet appartement, nous en avions pourtant rêvé, Philippe et moi. Nous l’avions dessiné, nous l’avions remodelé, il nous ressemblait… Un grand espace commun, parce que nous aimions la même musique, les mêmes livres et les grandes tablées ; deux chambres pour les enfants que nous n’avions pas encore mais qui, on le savait, allaient nous combler. Ils l’ont fait. Ils ont comblé. Comblé tous les silences, masqué tous les non-dits qui, entre Philippe et moi, subrepticement, se sont installés.
Un coup de foudre réciproque
La première fois que j’ai vu Philippe, c’était sur scène. Soirée étudiante, c’est le bassiste du groupe, celui qu’on ne remarque pas, celui sans qui, pourtant,