Santé

Addiction aux écrans : qu’est-ce que la « dopamine détox » et est-ce vraiment une bonne idée ?


Pour lutter contre l’addiction aux écrans et autres activités néfastes, le concept de « dopamine détox » se répand (étrangement) sur les réseaux sociaux. De quoi s’agit-il et comment le pratiquer sainement ? Réponses.

La « dopamine détox » pour lutter contre l’addiction aux écrans est sur toutes les lèvres. Dans une vidéo où elle raconte son mois de cure numérique, la créatrice de contenus Léna Situations déclare : « Si nous sommes accros à nos écrans, c’est parce qu’ils exploitent notre cerveau. Chaque notification libère ce qu’on appelle de la dopamine – la molécule du plaisir, qui est littéralement la même molécule que pendant le sexe. Et ça crée un cycle de récompense qui nous pousse à revenir encore et encore. » 

Plus précisément, « la dopamine guiderait bon nombre de nos comportements, en provoquant la sensation de plaisir », explique l’ Inserm. Un effet qui « s’appuie sur un réseau de neurones nommé “circuit de la récompense” ». Les activités stimulantes provoquant une libération de dopamine créent alors une satisfaction « qui constitue une récompense et nous conduit à renouveler ce comportement ».

En quoi consiste la « dopamine détox » ?

Pour déjouer ce phénomène bien connu des équipes qui travaillent derrière les plateformes pour fidéliser leurs utilisateurs, certains influenceurs, comme Louis Esquier qui s’est coupé des fast-foods et du porno, vantent les mérites de la « dopamine détox ». Sur TikTok, le hashtag correspondant a cumulé près de 90 millions de vues en quelques semaines.

Le jeûne de dopamine consiste à préserver son cerveau de toute source de stimuli artificiels durant une période donnée, pour ne plus sécréter de dopamine et ainsi se sevrer des écrans ou tout autre distraction addictive. Et ce dans le but d’offrir à notre cerveau quelques jours de repos, pour prendre soin de sa santé mentale. Certains décident même de proscrire d’autres plaisirs de la vie, tels que la musique. Mais cette tendance est-elle réellement judicieuse ? 

Quand le manque de dopamine affecte la santé mentale 

Plusieurs experts déconseillent de recourir à la « dopamine détox », notamment parce que cette molécule est essentielle à notre motivation et à notre survie. Si le mot détox « implique un sevrage, cela revient à créer un manque de dopamine. C’est une bêtise », signale Sébastien Carnicella, chercheur à l’Institut des neurosciences de Grenoble, interrogé par « 20 minutes ». De plus, « lorsque notre dopamine devient vraiment basse, cela s’accompagne de manque psychique comme l’anxiété ou la dépression, ce n’est pas un état fonctionnel », ajoute l’expert dans les colonnes de « Libération ». Et de souligner que le lien entre dopamine et plaisir immédiat « n’existe pas, ce n’est pas vraiment de la dopamine qui est impliquée. Elle s’obtient sur le long terme, lors d’un effort physique, mental ». 

Remplacer les comportements addictifs par des activités plus saines

D’ailleurs, Cameron Sepah, le psychiatre américain qui a inventé le concept de la « dopamine détox », précise que « l’accent est mis sur les comportements problématiques, pas sur la dopamine. La dopamine n’est qu’un mécanisme qui explique de quelle manière les addictions peuvent se renforcer. Et elle fournit un titre accrocheur. Il ne faut pas le prendre au pied de la lettre », rapporte le média RTBF

Il faudrait donc plutôt s’attaquer à certaines habitudes dangereuses, avant tout, plutôt qu’à la dopamine en tant que telle. En ce sens, Sébastien Carnicella recommande de substituer aux activités addictives d’autres occupations. « Si on enlève l’objet de l’addiction, il faut le remplacer par un autre objet d’intérêt pour rééduquer le système dopaminergique à des stimulations plus normales et saines », explique-t-il auprès de « 20 minutes ». En recourant, par exemple, à la lecture, au sport, aux balades en forêt ou encore à des sorties entre amis. 

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