Santé

Pourquoi s’ennuie-t-on tou·te·s autant ?


L’ennui général est déclaré ! Plusieurs études montrent que l’on s’ennuie davantage qu’avant, et les réseaux sociaux ne seraient pas étrangers à ce phénomène. 

La tendance est à l’ennui, et les études le montrent. D’après une étude menée en 2008 et 2017 aux États-Unis, les adolescents s’ennuient plus, et cette hausse date de 2011. Les jeunes filles seraient plus touchées que les garçons. S’il est important de savoir être oisif, et d’apprendre à s’ennuyer, notamment pour les enfants, l’ennui peut aussi conduire à un mal-être et une baisse de motivation. 

Les raisons d’un tel désœuvrement ne sont pas encore totalement identifiées, mais un article publié dans « Psychology Today » met en cause les réseaux sociaux. Alors que les utilisat·rice·eur d’Internet passent en moyenne 2 h 20 par jour sur les réseaux sociaux, un article universitaire pointe du doigt la vacuité et la course au « toujours plus » véhiculées par TikTok, Instagram et autre YouTube. 

La concentration mise à rude épreuve 

Conçus pour attirer notre attention de manière presque irrépressible, les réseaux sociaux ont tendance à nous déconcentrer des tâches que nous sommes en train d’effectuer. On met ainsi facilement en pause une action pour aller scroller sur Instagram, ou l’on regarde volontiers TikTok en même temps que le dernier épisode de « Nobody Wants This ». Les contenus se consomment rapidement, et on zappe de l’un à l’autre si l’intérêt n’est pas évident. Les notifications ont également tendance à dévier notre attention, et le site « Psychology Today » souligne que « cela crée un environnement extrêmement distrayant, ce qui signifie que les utilisat·rice·eur·s bénéficient rarement d’une expérience complète et immersive ». 

Le sensationnalisme à son paroxysme 

L’autre aspect des réseaux sociaux mis en cause par l’étude et l’article est le côté spectaculaire et hors du commun des contenus postés. Il augmenterait nos attentes en matière d’excitation, « exploitant la tendance naturelle de l’être humain à rechercher des sensations ». Nous avons ainsi envie de vivre toujours plus d’expériences extraordinaires, le quotidien et la routine nous semblant bien moroses. « Regarder des vidéos extrêmes de rooftopping avec des cascades audacieuses effectuées sur des corniches de gratte-ciel peut ainsi atténuer l’excitation que l’on ressent à l’idée d’aller dans un parc pour une pratique relativement ennuyeuse de figure de skateboard peu impressionnantes », explique la chercheuse sur le site « Psychology Today ». 

Le manque de qualité de l’information

Autre caractéristique décriée des réseaux sociaux : l’insignifiance des informations qui y circulent. La chercheuse compare les posts à un « patchwork », manquant de cohérence entre eux. On passe ainsi d’un contenu sensible, sur le conflit  israélo-palestinien à une publicité vantant les mérites d’un accessoire pour les cheveux, sans aucune transition. « En conséquence, les informations sont plus difficiles à traiter, à assimiler et à comprendre. L’absence d’une vision plus globale, ou d’un sens plus large peut provoquer le sentiment de n’avoir plus aucun but. Les utilisat·rice·eur·s peuvent finir par se sentir perdu·e·s, dépassé·e·s, vides ou lassé·e·s », explique la chercheuse. 

La diversité trop large des contenus

La riche variété des contenus en ligne peut paradoxalement s’avérer monotone, ou assommante. On peut alors ressentir un syndrome de fomo – fear of missing out – ou encore angoisser à l’idée même de ne jamais tout pouvoir visionner. « Ces sentiments persistants risquent de rendre l’option choisie moins attractive, ouvrant ainsi la porte à la lassitude », prévient la chercheuse, qui recommande de désactiver les notifications non essentielles et d’utiliser les fonctionnalités de limite de temps, voire de réserver des jours ou des créneaux horaires pour des activités hors ligne.

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